Le pharaon Toutankhamon

 

 

Toutânkhamon

 

 

 

 
 
Toutânkhamon

Masque funéraire en or de Toutânkhamon (Musée égyptien du Caire).
Surnom Toutânkhaton
Naissance v. 1345 avant notre ère
possiblement à Akhetaton
Décès v. 1327 avant notre ère1 (à environ 18 ans)
Période Nouvel Empire
Dynastie XVIIIe dynastie
Fonction Pharaon d'Égypte
Prédécesseur Ânkh-Khéperourê et Smenkhkarê
Dates de fonction v. 1335 à 1327 avant notre ère1
Successeur Aÿ
Famille
Grand-père paternel Amenhotep III
Grand-mère paternelle Tiyi
Grand-père maternel Amenhotep III
Grand-mère maternelle Tiyi
Père Akhenaton
Mère Younger Ladyn 1 (momie KV35YL)
Conjoint Ânkhésenamon
Enfant(s) 2 fœtus de sexe féminin
Fratrie ♂ Smenkhkarên 2 (incertain)
♀ Mérytaton
♀ Mâkhétaton
♀ Ânkhésenamon
♀ Néfernéferouaton Tasherit
♀ Néfernéferourê
♀ Sétepenrê
Sépulture
Type Hypogée
Emplacement Vallée des Rois, tombe KV 62
Date de découverte 1922
Découvreur Howard Carter financé par Lord Carnarvon.
Fouilles Howard Carter
Objets des milliers d'objets, y compris du mobilier.

Toutânkhamon (né vers -1345, mort vers -1327) est le onzième pharaon de la XVIIIe dynastie (Nouvel Empire). Selon les dernières études génétiques, il est le fils d'Akhenaton et de la propre sœur de ce dernier, dont l'identité est inconnue, mais désignée comme Younger Ladyn 3, dont la momie est répertoriée KV35YL2Manéthon l'appelle Chebres.

On ne sait pas pourquoi ce n'est pas lui qui succède directement à son père. Peut-être est-ce à cause de son trop jeune âge à l'époque, environ neuf ans (on trouve aussi cinq ou six ans), dans une période de troubles, de remise en question des religions, de bouleversement des valeurs traditionnelles et de risque de guerre avec les Hittites. Il règne jusqu'à l'âge de dix-huit ou dix-neuf ans (certains spécialistes, comme Marc Gabolde et Edward Frank Wente, disent vingt ans). Son règne est situé entre les années -1336 / -1335 et -13271.

De son temps, Toutânkhamon n'était pas considéré comme un grand pharaon, en raison de son court règne. Il doit sa célébrité à la découverte de sa sépulture par l'archéologue britannique Howard Carter le 4 novembre 1922 et au fabuleux trésor qu'elle recèle. La notoriété de la découverte augmenta grâce à une légende reprise par la presse de l'époque et faisant état d'une malédiction du pharaon

 

Généalogie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

 
Figurine prosternée d'Amenhotep IIItrésor de Toutânkhamon

Toutânkhamon naît en l'an XII du règne d'Akhenaton à Thèbes ou à Akhetaton, où il grandit dans le cercle de la famille royale. Son nom de naissance, Toutânkhaton, signifie « Image vivante d'Aton », c'est-à-dire la réincarnation terrestre du dieu.

Selon une enquête sur l'ADN des momies royales menée en 2010 par le Conseil suprême des Antiquités égyptiennes, les deux parents de Toutânkhamon sont frère et sœur. Ils sont les enfants du pharaon Amenhotep III et de la reine TiyiJAMA 1. Le père de Toutânkhamon est identifié comme étant la momie trouvée dans la tombe KV55, dont certains égyptologues, dont Zahi Hawass, pensent qu'il s'agit d'Akhenaton. La momie de sa mère a été trouvée dans la tombe KV35, elle a été surnommée la Younger Lady (« la Dame plus jeune »). Elle n'est pas formellement identifiée. Les seules sœurs connues d'Akhenaton sont SatamonIsetHenouttaneb et Nebetâh. Les trois premières ayant épousé leur père, Amenhotep IIINebetâh serait peut-être la Younger Lady, et donc la mère de Toutânkhamon3,4.

Selon Marc Gabolde, vu le resserrement du patrimoine génétique de la famille royale par la pratique de mariages consanguins, il est fort possible que la momie Younger Lady soit celle de Néfertiti, cousine germaine d'Akhenaton par ascendance paternelle et maternelle5.

 
Maïa et Toutânkhamon.

Après sa naissance, il est éduqué par la « nourrice royale » Maïa (ou Maya), « celle qui a nourri le corps de dieu », dont la tombe a été trouvée par Alain-Pierre Zivie à Saqqarah6,7. Son éducation se poursuit sous l'autorité d'un précepteur, le « père divin » Sennedjem, dont la tombe a été trouvée à Akhmîm, en Haute-Égypte, par une mission australienne sous la direction de Boyo Ockinga8.

Toutânkhamon a emporté dans sa tombe ses fournitures de petit écolier : une palette de scribe en ivoire à son nom, dans laquelle subsistent des pains d'encre rouge et noir-bleu ainsi que sept calames permettant d'écriren 4 ; un étui à calames en bois plaqué d'or et incrusté de cornaline, d'obsidienne et de pâtes de verre colorées dont le couvercle est en ivoiren 5 ; un lissoir permettant de rendre son intégrité au papyrus après en avoir gommé les erreurs9. L'entraînement physique, comme le tir à l'arc, la course en char, la chasse dans le désert, fait également partie de son éducation10.

Il est élevé dans le culte du dieu unique Aton.

Il accède au trône vers 1335 avant notre ère, à l'âge de neuf ou dix ans. Il épouse alors sa sœur Ânkhésenamon.

Il est le père de deux filles mort-néesJAMA 2. L'examen tomodensitométrique de leurs momies réalisé en 2011 a révélé qu'un des fœtus est mort à cinq ou six mois de grossesse, l'autre à neuf mois de grossesse. Aucune anomalie congénitale ou autre cause de leur mort n'ont été trouvées11.

Titulature[modifier | modifier le code]

 
À gauche : le 4e nom, à droite le 5e nom, nom de couronnement.

Chaque pharaon avait plusieurs noms, de famille, d'enfance, religieux, de couronnement. Dans le cas de Toutânkhamon, le cas se complique puisque sous le règne d'Akhenaton il a été d'abord Toutânkhaton avant le rétablissement du culte d'Amon. Les cartouches les plus fréquemment représentés sur les objets lui ayant appartenu sont le 4e nom : titre de fils de Rê : T-ou-t-ankh-Imen heqa-Iunu-shema (L'image vivante d'Amon, seigneur de l'Héliopolis de Haute-Égypte) et le 5e nom, le plus connu visuellement : le titre de roi de Haute et Basse-Égypte : Neb-Kheperou-Rê (les manifestations divines de Rê)12.

Voir ci-dessous une description détaillée concernant les titulatures royales en général et celle de Toutânkhamon :

Études génétiques[modifier | modifier le code]

Entre septembre 2007 et octobre 2009, le King Tutankhamun Family Project Mummies a conduit des études anthropologiquesradiologiques et génétiques sur onze momies royales du Nouvel Empire, appartenant au lignage de Toutânkhamon. Ces études visaient à déterminer leurs liens de parenté et les pathologies liées à la consanguinité, aux maladies héréditaires ou infectieuses, mais également les causes de leurs morts. Cinq autres momies datant de la même période ont été incluses dans l'étude afin de servir de référenceJAMA 3,JAMA 4.

Lignage[modifier | modifier le code]

L'analyse génétique a permis de reconstituer l'arbre généalogique de Toutânkhamon sur cinq générations. Toutefois, sur les onze momies étudiées, seule l'identité de quatre d'entre elles est certaine, TouyaYouyaAmenhotep III et ToutânkhamonJAMA 5,JAMA 6.

Youya et Touya sont ses arrière-grands-parents, les parents de sa grand-mère.

Amenhotep III et la momie KV35EL sont ses grands-parentsJAMA 7. La momie KV35EL est probablement TiyiJAMA 8.

La momie KV35YL est identifiée comme étant la mère du jeune roi. Selon Zahi Hawass, responsable avant 2011 des antiquités égyptiennes au Musée du Caire, dont les travaux sont parus dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) du 17 février 2010, la mère du pharaon serait la sœur de son pèreJAMA 9.

La momie trouvée dans la tombe KV55 est celle de son pèreJAMA 10. Cette momie est très probablement AkhenatonJAMA 11. Les deux momies partagent plusieurs caractéristiques morphologiques uniques et ont le même groupe sanguin.

Les deux fœtus trouvés dans la tombe de Toutânkhamon sont bien les filles du pharaon. Leur mère pourrait être la momie KV21A. Les données ne sont pas suffisantes pour identifier celle-ci comme ÂnkhésenamonJAMA 12.

Haplogroupes[modifier | modifier le code]

D'après l'étude de la société iGENEA, Toutânkhamon et sa lignée patrilinéaire appartiendraient à l'haplogroupe R1b du chromosome Y et plus précisément à la branche M269 (seul 7% de la population égyptienne actuelle porterait cette haplogroupe13). Découverte confirmée plus tard par Gad et al 2020 qui précise qu'il appartenait de même à l'haplogroupe maternelle K14,15,13.

Règne[modifier | modifier le code]

Succession[modifier | modifier le code]

 
Tête du roi-enfant, assimilé à Néfertoum, émergeant du lotus bleu16.

Vers l'an -1338, Akhenaton meurtn 6. Lui succède alors la reine Ânkh-Khéperourê, reconnue aujourd'hui comme la demi-sœur aînée de Toutânkhaton, Mérytaton. Elle disparaît rapidement pour des raisons inconnues ; bien qu'il ne soit encore qu'un enfant de neuf ans, Toutânkhaton monte sur le trône de la Haute et Basse-Égypte. Il est légitimé en épousantn 7 Ânkhésenpaaton, née à la fin de l’an VII d'Akhenaton, la troisième fille de Néfertiti et d'Akhenaton, qui devient son épouse royale après le changement de son nom en Ânkhésenamon.

Compte tenu de son âge, le roi a probablement des conseillers puissants, en particulier, le « Père divin » Aÿ et le général Horemheb. Comme il est trop jeune pour régner, c'est probablement eux qui détiennent le véritable pouvoir administratif et militaire.

Horemheb rapporte que le roi l'a nommé « député du roi sur toute la terre », soit porte-parole du roi en Égypte et dans toutes les terres étrangères. Il rapporte aussi qu'il est habile à calmer le jeune roi lorsque celui-ci s'emporteBC 1.

Politique intérieure[modifier | modifier le code]

Dans la troisième année de son règne, Toutânkhaton se détourne de certains des changements apportés par Akhenaton.

Il délaisse le culte d'Aton et restaure la suprématie du dieu Amon. Le bannissement d'Amon est levé et les privilèges traditionnels sont rendus au Grand prêtre d'Amon et à son clergé. Il change d'ailleurs son nom en Toutânkhamon « Image vivante d'Amon » afin d'affermir la restauration du dieu, tandis que son épouse devient Ânkhésenamon, comme l'indique la stèle de restauration du culte d'Amon retrouvée dans le temple de Karnak17.

Amarna, la ville d'Akhetaton, est abandonnée et la capitale est déplacée à Thèbes18.

Le roi initie la construction de nouveaux bâtiments, en particulier à Thèbes et à Karnak où il consacre un temple à Amon. De nombreux monuments sont érigés et une inscription sur la porte de sa tombe déclare que le roi « a passé sa vie à façonner des images des dieux ».

 
Le disque solaire Aton tend la croix de vie à pharaon et à son épouse.

Les fêtes traditionnelles sont célébrées à nouveau, en particulier celles consacrées au dieu Apis, ainsi que la belle fête d'Opet. Sa stèle de restauration indique : « les temples des dieux et déesses étaient en ruine. Leurs hauts lieux étaient désertés et envahis de mauvaises herbes. Leurs sanctuaires n'avaient plus d'existence et leurs cours servaient de route... Les dieux ont tourné le dos à ce pays... Si quelqu'un adresse une prière à un dieu, il n'aura jamais de réponse19. ».

Cependant, il ne semble pas que le couple royal ait abandonné totalement la religion atonienne, comme en témoigne le trône où l'on peut apercevoir, dans un cartouche ciselé sur un accoudoir, le disque solaire Aton tendre la croix de vie au pharaon et à sa femme20.

 

Politique extérieure[modifier | modifier le code]

 
Coffre du tombeau de Toutânkhamon : bataille de Toutânkhamon contre les Asiatiques.

À la suite du règne d'Akhenaton, le pays est faible et instable. Les relations diplomatiques avec les autres royaumes ont été négligées et Toutânkhamon s'emploie à les restaurer, en particulier avec le Mittani. Les cadeaux, provenant de divers pays, trouvés dans sa tombe, semblent prouver son succès.

Malgré ses efforts pour améliorer leurs relations, des batailles avec les Nubiens et les Asii sont rapportées dans son temple funéraire à Thèbes. Sa tombe contient une armure et des tabourets pliants pouvant servir lors de campagnes militaires. Toutefois, compte tenu de son jeune âge et de handicaps physiques qui nécessitent l'usage de cannes pour marcher, les historiens supposent qu'il n'a pas personnellement participé à des bataillesBC 2,JAMA 13.

Les monuments[modifier | modifier le code]

Décrit comme le « souverain qui restaure », Toutânkhamon a initié un certain nombre de constructions et a œuvré à la restauration des sanctuaires abandonnés pendant le règne d'Akhenaton21,22. Victime d'une damnatio memoriæ de la part de ses successeurs qui effacent de l'histoire officielle tous les règnes entre Amenhotep III et Horemheb, son nom a été martelé et ses monuments usurpés, cette phase devenant particulièrement active sous Ramsès II23.

La stèle de la Restauration[modifier | modifier le code]

Stèle en grès rouge d'une hauteur de 2,50 m sur 1,29 m, elle a été trouvée en juillet 1905 par Georges Legrain à Karnak, dans la grande salle hypostyle.

Le long texte d'une trentaine de lignes déplore l'état des sanctuaires des dieux. Puis décrit les efforts de Toutânkhamon afin de restaurer les temples et de nommer les nouveaux prêtres chargés de les servir24,25.

Ce texte, document important édifié au début du règne de Toutânkhamon, afin de marquer le retour à l'orthodoxie antérieure à Akhenaton, a probablement été initié par AÿMarc Gabolde l'identifie d'ailleurs au personnage martelé apparaissant derrière le roi.

La stèle a subi des martelages afin de substituer le nom de Horemheb à celui de Toutânkhamon22.

La colonnade de Louxor[modifier | modifier le code]

 
Statues représentant le jeune Toutânkhamon et son épouse Ânkhesenamon, — Temple d'Amon (Louxor).

La colonnade du temple d'Amon, composée de colonnes papyriformes à chapiteaux ouverts, a été construite par Amenhotep III. Le temple, délaissé durant la réforme religieuse du pharaon Akhenaton, est restauré par Toutânkhamon qui construit des parois latérales à la colonnade et les fait orner de scènes de la fête d'Opet.

Le mur Ouest évoque le défilé, partant de Karnak jusqu'au temple d'Amon à Louxor. Toutânkhamon y célèbre le culte dans le temple en offrant des fleurs et des libations à Amon. Puis, accompagné par les musiciens, joueurs de trompettes et de tambours et de danseuses, il rejoint le Nil, où la barque sacrée du dieu Amon est entourée par une flottille l'escortant. La foule massée sur les berges l’acclame et l'applaudit26.

Le mur Est montre le retour de la procession à Karnak, après la fin de la fête.

Une statue représentant Toutânkhamon et son épouse est installée à proximité.

Le temple des millions d'années[modifier | modifier le code]

Aucun temple funéraire de Toutânkhamon, « Temple des millions d'années » n'a jamais été identifié27. Pourtant, dès son avènement, il a choisi l'emplacement de son temple funéraire, emplacement délimité par les prêtres où le jeune homme a placé des dépôts de fondation dans des emplacements rituels28.

Une stèle et une brique crue portant le nom de Toutânkhamon semblent confirmer cette fondation sur la rive gauche du Nil, à Karnak29.

 
Statue de Toutânkhamon, Karnak.

Lors du vidage du IIe pylône de Karnak, des blocs martelés, composés d'architraves ornées, de piliers et de fragments de parois décorées sur les deux faces, au nom de Aÿ et de Toutânkhamon ont été trouvés30.

Les textes de dédicaces indiquent que le monument a été construit par Aÿ en l'honneur de « son fils » Toutânkhamon : Il [Aÿ] a fait comme son mémorial pour son fils, le dieu parfait, seigneur du Double Pays, seigneur qui accomplit les rites, roi de Haute et Basse-Égypte Nebkhéperourê. Les textes précisent également qu'il s'agit d'un temple des millions d'années, d'un reposoir pour la statue lors de la Belle Fête de la Vallée31.

Le retour triomphal d'une bataille en Nubie32, une bataille en Asie, des chasses dans le désert, des rituels liés aux statues de Toutânkhamon décorent les blocs22.

Le nom de Aÿ, systématiquement effacé, semble indiquer que Horemheb souhaitait, dans un premier temps, usurper le monument avant qu'il ne décide finalement de le démanteler et d'utiliser les blocs en réemploi dans le IIe pylône..

 

 

 

Mis en page le 28 novembre 2021