Histoire de Belgie 2

 

Le Moyen Âge[modifier | modifier le code]

 

 

 

L'Empire carolingien de 481 à 814

 

Article détaillé : Histoire de la Belgique au Moyen Âge.

 

Royaumes et empire francs[modifier | modifier le code]

 

Après les grandes invasions du ive siècle et ve siècle, la région devient le cœur du premier royaume franc, dont la capitale est Tournai sous Childéric Ier. Vers 496, Clovis (466-511), roi des Francs, reçoit le baptême à Reims et abandonne Tournai pour Paris. La christianisation massive débute en 630, avec le soutien des moines.

 

 

 

Carte du territoire de la Belgique actuelle avec les sièges épiscopaux et les abbayes au viie siècle. Les abbayes donneront naissance à des villages et même à quelques villes.

 

Sous l'impulsion de l'empereur Charlemagne, qui agrandit son empire, la vallée de la Meuse devient le centre politique et économique de l'empire franc. Il s'installe à Aix-la-Chapelle (796) pour le centraliser dans ses territoires.

 

À Charlemagne succéda Louis le Pieux. Son règne fut marqué à partir de 829 par les querelles entre le souverain et ses fils, LothairePépinLouis et Charles. Louis le Pieux mourut en 840 et les luttes entre ses trois fils survivants reprirent de plus belle.

 

En août 843 est enfin conclu le traité de Verdun, qui divise l'Empire entre les trois petits-fils de Charlemagne. Le royaume de Lothaire, qui s'étendait de la Méditerranée, par l'Italie, la Provence, la Bourgogne, l'Alsace, jusqu'à la mer du Nord, était borné à l'ouest par l'Escaut et à l'est par le Rhin. Les terres à l'ouest de l'Escaut (le futur marquisat de Flandre) revenaient à Charles le Chauve. Si ce traité a une importance exceptionnelle, ce n'est pas qu'il fût destiné à demeurer définitif ; la plupart de ses dispositions n'eurent qu'une durée éphémère, mais les circonstances firent que l'Escaut continua d'être une ligne de séparation, pendant des siècles, entre la France et l'Allemagne, tandis que le Rhin devint, dans toute l'acception du mot, un fleuve frontière6.

 

Lothaire mourut le 29 septembre 855 ; il avait divisé son royaume entre ses trois fils (Traité de Prüm). Ce fut Lothaire II qui obtint la partie septentrionale, le territoire entre la mer du Nord et le Jura, auquel s'attacha spécialement le nom de Lotharingie (Lotharii regnum)7.

 

Quand le roi de Lotharingie mourut le 8 août 869, Charles et Louis, ses deux oncles, se disputent ses États, et, au mépris des droits du seul fils survivant de Lothaire Ier (Louis II, roi d'Italie), ils finissent par se les partager à Meerssen, sur la Meuse, en août 8707. La Meuse servait de ligne de démarcation depuis la frontière du pays frison jusqu'à Liège ; à cet endroit, la limite suivait l'Ourthe jusqu'à sa source8. Le traité de Meerssen donnait ainsi aux Carolingiens de France la plus grande part de la rive gauche9.

 

Mais la mort inopinée de l'héritier de Charles le Chauve, Louis le Bègue (10 avril 879) amena de nouvelles complications ; quelques-uns de ses conseillers, l'abbé-chancelier Gozlin et le comte de Paris, Conrad, refusèrent de reconnaître ses jeunes fils, Louis III et Carloman, et ils invitèrent le roi de Francia orientalisLouis le Jeune, à prendre possession du pays10.

 

Louis le Jeune, fils de Louis le Germanique, se mit en marche par Metz et Verdun et, dans l'impossibilité où ils étaient de lui opposer une résistance efficace, les grands demeurés fidèles aux princes préférèrent abandonner à l'agresseur la partie occidentale de la Lotharingie (été de 879). De cette manière, tout le royaume de Lothaire II et par conséquent la Belgique du Rhin à l'Escaut se trouva rattaché à la Francia orientalis. Le traité de Ribemont (février 880) confirma les arrangements de l'année précédente11. Seul le marquisat de Flandre demeurait aux fils de Louis le Bègue.

 

Charles le Gros réunit temporairement les deux royaumes de 885 à 887, mais sa faiblesse, son incapacité au milieu des périls dont les Normands menaçaient l'Europe centrale, provoquèrent sa déposition (Trebur, novembre 887). Les destinées des deux royaumes tendirent alors de plus en plus à se séparer12.

 

Période féodale[modifier | modifier le code]

 

Zwentibold reçut en 895 d'Arnulf de Carinthie le gouvernement de la Lotharingie avec titre de roi. Quand il mourut en 900, la Lotharingie revint à la Germanie13.

 

En France, les ascendants des Capétiens et les Carolingiens se disputent le trône. Les souverains du royaume occidental essaient à plusieurs reprises de s'emparer de la Lotharingie14Charles le Simple envahit ainsi le pays en 91115 et ce n'est qu'en 923 que Henri Ier parvint à réunir la Lotharingie à l'Allemagne. Cette situation ne subira plus de modification essentielle durant tout le Moyen Âge16.

 

À la fin du xe siècle, la Basse-Lotharingie s'étend de l'Escaut jusqu'à la Saxe et la Hesse. Au nord, elle est bordée par la Frise. Sur ce territoire se développent des fiefs, comtés et seigneuries quasi indépendants, tels les duchés de Brabant, de Limbourg, de Luxembourg, les comtés de Hainaut, de Namur et la Principauté de Liège.

 

Le développement des villes[modifier | modifier le code]

 

À partir du xe siècle, les villes commencent à se développer, principalement dans le comté de Flandre et en pays mosan. L'industrie de la laine se développe elle aussi, et plus tard, le commerce maritime, avec la ligue hanséatique. La région devient l'un des cœurs de l'économie européenne, avec l'Italie. Les laines sont importées d'Angleterre, avec laquelle se tissent des liens qui compteront pendant les conflits entre Capétiens et Plantagenêt.

 

Les principales villes sont alors, à l'ouest, BrugesGandYpres et Tournai, et en pays mosan, HuyNamurDinant et Liège. L'urbanisation de la future moyenne Belgique est plus lente ; seule Nivelles présente au xe siècle un caractère urbain. Situées plus à l'intérieur du pays, les autres villes brabançonnes comme BruxellesLouvain et Malines, attendent la fin du xe siècle pour s'étendre. À cette époque, les affluents de l'Escaut sont navigables et le trafic commercial entre la Meuse et le Rhin augmente.

 

Jusqu'en 1300, l'essor des villes est alimenté par une conjoncture économique favorable. Une deuxième enceinte s'avère souvent nécessaire. Cette expansion est freinée au xive siècle par de nombreuses crises et épidémies de peste. Le nombre de citadins stagne ou recule. La plupart des villes ne retrouvent leur niveau de population de l'an 1300 qu'au xixe siècle.

 

À partir de la fin du xiiie siècle plusieurs batailles ont lieu entre le roi de France et les communes de Flandre, les comtes étant tantôt d'un côté, tantôt de l'autre. La garnison française à Bruges est massacrée lors de la révolte des Mâtines de Bruges le 18 mai 1302, et l'ost royal est écrasé par les milices communales à la bataille de Courtrai, dite « des éperons d'or » le 11 juillet de la même année. Cette bataille est aujourd'hui considérée comme la naissance de la nation flamande, bien que la Flandre actuelle et le comté de Flandre de l'époque ne se recouvrent que partiellement. Philippe le Bel obtiendra sa revanche à la bataille de Mons-en-Pévèle le 18 août 1304.

 

La Principauté de Liège : 985 - 1795[modifier | modifier le code]

 

Articles détaillés : Principauté de Liège et Histoire de la Principauté de Liège.

 

 

 

La Principauté de Liège en 1350

 

Jusqu'en 1795, le territoire actuel de la Belgique était principalement divisé en deux pays distincts : les Pays-Bas du Sud et la principauté de Liège.

 

La principauté épiscopale de Liège était un État du Saint-Empire romain germanique. C'est en l'an 985 que naît la principauté épiscopale. C'est à cette date que Notger, déjà évêque de Liège depuis 972, devient prince-évêque en recevant le comté de Huy.

 

Les Pays-Bas bourguignons : 1384 - 1482[modifier | modifier le code]

 

 

 

Carte des Pays-Bas bourguignons en 1477, en nuance d'orange.

 

 

 

Article détaillé : Pays-Bas bourguignons.

 

À l'issue de la guerre de Cent Ans, les territoires (à l'exception de la principauté de Liège) et les Pays-Bas actuels (dont les limites remontent au xixe siècle) sont aux mains des ducs de Bourgogne, vassaux des rois de France. Sous ceux-ci, Philippe le Bon puis son fils Charles le Téméraire, le pays connaît une expansion économique dont profitent les villes et, notamment, Bruxelles qui accueille le pouvoir dans le palais des anciens ducs de Brabant. Sur les cartes de l'époque, l'ensemble des grands Pays-Bas depuis les îles de la Frise jusqu'à la Picardie, comprenant les futurs Pays-Bas des xixe et xxe siècles et la Belgique moderne, présentent une forme générale évoquant un lion dressé dont le dessin est mis en valeur pour justifier l'appellation que lui confère l'ambition des Bourguignons Leo Belgicus. Mais la politique ambitieuse de Charles le Téméraire qui veut relier ses possessions de Bourgogne à celle des Pays-Bas entraîne un conflit avec la France de Louis XI. À la mort du Téméraire au combat, en 1477, les Pays-Bas bourguignons échoient aux Habsbourg.

 

Au xve siècle, à la suite de l'ensablement du Zwin, mais aussi pour des raisons économiques et politiques, Anvers supplante Bruges en tant que principal port de transit d'Europe occidentale. Anvers devient alors une des capitales économique et financière du Nord-Ouest de l'Europe.

 

Charles Quint et les Pays-Bas des Hasbourg (1482-1549)[modifier | modifier le code]

 

Articles détaillés : Pays-Bas des Habsbourg et Lion belgique.

 

Charles Quint est né en 1500 à Gand, héritier à la fois des Habsbourg, des ducs de Bourgogne et de l'Espagne. Il se considère comme flamand et bourguignon. Élu empereur du Saint-Empire romain germanique, il cumule cette couronne avec ses titres sur les Pays-Bas, où il est communément appelé le roi, et avec sa royauté sur l'Espagne qu'il doit à ses ascendants paternels, ainsi qu'à la possession des colonies d'Amérique. Il règne sur les Dix-Sept Provinces de 1515 à 1555, tentant de renforcer le pouvoir central, en réduisant les libertés constitutionnelles de chaque État provincial.

 

Lors de l'apparition du protestantisme, il éradiqua le luthéranisme et surmonta l'anabaptisme, mais le calvinisme devint trop populaire pour qu'on puisse l'empêcher de croître. Charles Quint introduisit l'Inquisition aux Pays-Bas, et les premiers martyrs de la RéformeHenri Voes et Jean Van Eschen furent brûlés sur la Grand-Place de Bruxelles en juillet 1523. La Réforme et l'Inquisition qui s'ensuivit eurent des conséquences sans précédent sur les Provinces des Pays-Bas et leurs citoyens.

 

Il constitue l'ensemble des Pays-Bas du Nord et du Sud en une entité unique de par un acte solennel nommé la « pragmatique sanction ». Lors de son abdication à Bruxelles, il renonce à tous ses titres qu'il partage entre son frère, à qui il attribue le Saint-Empire, et son fils à qui il lègue la généralité des dix-sept provinces des Pays-Bas, ainsi que l'Espagne et ses colonies d'Amérique. Dès lors, les Pays-Bas sont dénommés les Pays-Bas espagnols, bien que les cartographes de l'époque aient désigné le pays sous le nom de Belgia ou Belgica, terme hérité de l'antiquité et qui s'étend à l'ensemble du Leo Belgicus.

 

Les Pays-Bas espagnols (1549-1715)[modifier | modifier le code]

 

Article détaillé : Pays-Bas espagnols.

 

À l'avènement de Philippe II, les Pays-Bas du Nord et du Sud forment un tout dépendant d'une même autorité, les États-Généraux, équivalent d'un parlement, mais réservé à quelques grandes abbayes, au haut clergé, aux grandes baronnies17 et à quelques chef-villes et leur émanation, le Conseil d'État, véritable gouvernement aristocratique soumis au souverain. À cette époque, le système féodal - qui attribue les territoires et les peuples en fonction de l'hérédité - groupe l'ensemble du Nord et du Sud que les cartographes dénomment le Leo Belgicus. Mais, sous Charles-Quint, une partie importante de la population est convertie au calvinisme, davantage au Nord qu'au Sud. Le pouvoir du roi (titre par lequel on désigne Charles Quint), ne peut s'accommoder d'une dissidence religieuse qui menace le souverain resté catholique. Après la mort de Charles Quint, la dissidence devient révolution face à la répression du fils de Charles, Philippe II, et les Pays-Bas du Nord obtiennent finalement leur indépendance sous le nom de Provinces-Unies. Les territoires qui formeront plus tard la Belgique et certaines provinces du Sud des Pays-Bas restent possessions espagnoles, après de nombreux troubles, l'extermination des anabaptistes (voir par exemple David Joris) et l'exil de nombreux protestants du sud.

 

 

 

Guillaume d'Orange
par Adriaen Thomasz Key, ca 1575

 

Ce conflit commence à cause des excès de la répression espagnole contre les protestants et la volonté du successeur de Charles Quint, son fils Philippe II, de réformer les constitutions locales. L'opposition à cette politique se matérialise dans le compromis des Nobles par lequel la noblesse formule des revendications qui expriment la volonté générale, soutenue par le peuple, de conserver les privilèges, c'est-à-dire les droits, reconnus aux villes et provinces depuis les ducs de Brabant et leurs successeurs les ducs de Bourgogne et confirmés par Charles Quint. Ces droits s'expriment à travers une institution appelée les États-Généraux dont le Conseil d'État siégeant à Bruxelles est la matérialisation. Il s'agit d'un véritable gouvernement des Pays-Bas. En réponse à ce qu'il considère comme un refus d'obéissance, Philippe II envoie des troupes et fait arrêter les chefs de l'opposition, les comtes d'Egmont et de Hornes et leur exécution capitale a lieu sur la Grand-Place de Bruxelles.

 

Sous la direction du prince Guillaume d'Orange, dit Guillaume le Taciturne, un soulèvement éclate. Les conflits successifs qui se développent ensuite opposent des nobles ralliés soit à l'Espagne, soit au mouvement indépendantiste, les habitants étant tiraillés entre les deux camps, avec cette circonstance aggravante de la division entre catholiques et protestants, ce qui complique encore la situation. Certains habitants s'engagent dans les troupes de l'un ou l'autre camp, les autres forment traditionnellement des milices communales qui, malgré les défaites, combattent les Espagnols, surtout pour la défense des droits proclamés par des chartes parfois anciennes de plusieurs siècles. Exilé au nord, le prince d'Orange fait un bref retour à Bruxelles avec la caution de la reine d'Angleterre qui a envoyé son ambassadeur pour accompagner le prince, sous les acclamations des Bruxellois, jusqu'à sa résidence qui avait été saisie par le pouvoir espagnol. Puis une candidature de l'archiduc autrichien Matthias, choisi par le camp indépendantiste pour exercer le pouvoir, est suivie de celle du duc d'Anjou. Celui-ci, pressé de saisir le pouvoir, tente un putsch à Anvers. Protestants et catholiques, réconciliés pour le coup, lui infligent une défaite et, finalement, sous l'incessante pression espagnole, le prince d'Orange et ses tenants doivent se réfugier aux Pays-Bas du Nord où Orange sera assassiné par un mercenaire du roi d'Espagne. Ces troubles privent Anvers de sa prépondérance économique. La ville se vide de la majorité de sa population qui fuit vers les Provinces-Unies ou le Saint-Empire romain germanique. C'est un peu plus tard qu'Amsterdam prendra sa place. Bruxelles devient même une république protestante pendant 10 ans avant de retomber sous l'autorité espagnole à l'issue d'un siège d'un an. La guerre conduite par le prince d'Orange (la guerre de Quatre-vingts Ans) finira, longtemps après la mort de celui-ci, par une paix qui sépare définitivement les Pays-Bas du Nord de ceux du sud (future Belgique).

 

Au cours du xviie siècle les guerres opposant la France à l'Espagne et aux Provinces-Unies dessinent à peu près la frontière actuelle entre France et Belgique. À la suite d'opérations militaires comme la bataille de la Peene à Noordpeene en 1677, le traité de Nimègue en 1678 vient entériner notamment le rattachement à la France des châtellenies de CasselBailleul et Ypres. Cette dernière sera rendue avec Furnes et Tournai au traité d'Utrecht, en 1713. Lors de ce même traité, la couronne d'Espagne passe aux Capétiens, avec Philippe V d'Espagne, petit-fils de Louis XIV. Les Pays-Bas du Sud, à ce moment tenus par des garnisons de mercenaires hollandais, passent des Habsbourg d'Espagne aux Habsbourg d'Autriche et deviennent les Pays-Bas autrichiens.