Histoire de Belgique 4
La Belgique : 1830 - 1914[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Histoire de Belgique de 1830 à 1914.
Un État en formation[modifier | modifier le code]
Le 4 octobre 1830, l'indépendance a donc été proclamée par le gouvernement provisoire formé le 26 septembre 1830, et le 3 novembre un Congrès national est élu par 30 000 électeurs et s'ouvre le 10 novembre 1830 sur fond de combats qui se poursuivent contre l'armée hollandaise en retraite. Le 18 novembre, le congrès national belge confirmera en quelque sorte le décret du 4 octobre au sujet de l'indépendance de la Belgique. Le 7 février 1831 il approuve une constitution. La majorité de ces électeurs provenant de la bourgeoisie, le français est choisi comme seule langue officielle. L'opinion commune était qu'il y avait une majorité de francophones en Belgique, puisque le français était, à l'époque, la langue des élites, celle de la classe dominante qui s'empara du pouvoir en 1830. En Flandre comme en Wallonie et à Bruxelles, le peuple use de langues régionales.
Léopold Ier par George Dawe.
Le 4 novembre 1830, une conférence s'ouvre à Londres sur l'avenir de la Belgique : les grandes puissances décident finalement de reconnaître la Belgique indépendante le 20 janvier 1831. L'Angleterre, d'abord hostile à la révolution belge qui enfreint le traité de Vienne qui avait construit le royaume des Pays-Bas comme barrière contre la France, finit par se rallier à l'indépendance belge avec l'accord de Talleyrand, ambassadeur de France à Londres. Celui-ci, comprenant qu'il ne pourrait imposer la division du pays au profit de ses divers voisins, dont la France, sous peine de provoquer un nouveau soulèvement belge, soutint l'idée de l'indépendance, d'autant que toute prétention française sur la Belgique rappelait fâcheusement aux souverains européens la république et l'Empire.
Le choix d'un régime républicain prôné par les radicaux apparaît impossible car les monarchies européennes ne l'auraient pas accepté. Un royaume est donc fondé, dont le trône est offert, tout d'abord au duc de Nemours, fils du roi de France, dont le père décline l'offre, craignant l'hostilité des grandes puissances européennes à un retour de l'influence française en Belgique, à peine quinze ans après la chute de Napoléon qui avait maintenu la Belgique dans l'empire à la suite de la conquête par la Ire République française. Finalement, le 4 juin 1831, c'est le prince allemand Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha, oncle de la reine Victoria, qui devient Léopold Ier, premier roi des Belges. Il prête serment devant les chambres réunies et le peuple assemblés en la place Royale de Bruxelles, le 21 juillet 1831. Le traité international qui reconnaît l'indépendance de la Belgique la déclare neutre sous la garantie des grandes puissances dont chacune s'engage à la défendre en cas d'attaque par l'une d'entre elles. La Belgique n'en est pas moins priée d'être capable de se défendre, ce qui sanctionne la naissance définitive d'une armée nationale. En attendant le choix définitif d'un roi, de février 1831 au 21 juillet 1831, une régence est assurée par le baron Érasme-Louis Surlet de Chokier.
En 1833, la convention de Zonhoven met fin officiellement à l'état de guerre avec les Pays-Bas.
Histoire des frontières[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Formation territoriale de la Belgique.
Les anciennes frontières de la Belgique, avant le traité des XXIV articles de 1839, comprenaient l'actuel Grand-duché de Luxembourg et l'actuel Limbourg néerlandais.
En 1839, un traité, le traité des XXIV articles, signé à Londres, rétablit certains territoires aux Pays-Bas :
- L'actuel Grand-duché de Luxembourg
- L'actuel Limbourg néerlandais
La Belgique perd, de ce fait, 4 795 km2, soit un septième de son territoire d'alors (elle fait actuellement 30 528 km2).
Les traités définissant les frontières avec les Pays-Bas datent de 1843.
Les frontières ne furent définitivement fixées qu'en 1919, lors de la signature du Traité de Versailles, qui accorda le territoire des Cantons de l'Est à la Belgique.
Au xixe siècle, disposant de charbon et de fer, la Belgique connaît la révolution industrielle et fut même un temps la deuxième puissance industrielle mondiale, derrière l'Angleterre39.
L'essentiel de la puissance industrielle du pays se trouvait toutefois en Wallonie, où existait déjà une tradition séculaire du travail du fer et de l'extraction du charbon. La région devint ainsi le deuxième producteur mondial d'acier et de charbon.
Pour le transport des marchandises, la Belgique poursuivra le développement des canaux et du réseau routier et entreprit dès 1830 la construction de nombreuses lignes de chemin de fer publiques et privées. L’État belge relia la plupart des principales villes par le rail de 1835 à 1843 et le maillage du pays se poursuivra jusqu'au xxe siècle.
Ce développement rapide des voies de communication permit de mettre en relation les diverses industries et de désenclaver certaines régions.
L'empire colonial[modifier | modifier le code]
Articles détaillés : Colonisation du Congo, État indépendant du Congo, Campagnes de l'État indépendant du Congo contre les Arabo-Swahilis et Atrocités commises dans l'État indépendant du Congo.
L'État indépendant du Congo, possession personnelle de Léopold II.
Le roi Léopold II (successeur et fils de Léopold Ier, 1865) dirige à titre privé la colonisation du Congo dans le but d'assurer une colonie à la Belgique. L'actuelle République démocratique du Congo (Congo Kinshasa, ex-Zaïre) devient son domaine personnel. En 1885, Léopold II devient officiellement chef de l'État indépendant du Congo. Il s'agit, pour lui, de constituer une colonie qu'il cèdera à la Belgique. Il obtiendra d'ailleurs des crédits votés par le parlement belge. La raison de ce procédé indirect pour développer l'expansion coloniale réside, entre autres, dans l'interprétation de l'indépendance belge que font certains jurisconsultes étrangers. Pour ceux-ci, le statut d'indépendance garanti par les puissances implique une éternelle minorisation de la Belgique, réduisant sa capacité politique sur le plan international. En obtenant, à la conférence de Berlin, le droit de se constituer un Etat au cœur de l'Afrique, et ce à titre strictement personnel, Léopold II joue sur les rivalités coloniales entre grandes puissances dont aucune n'ose s'aventurer au cœur de l'Afrique sans risquer de provoquer une guerre avec les autres. Un motif principal invoqué par le roi est la nécessité de lutter contre l'esclavage que des marchands arabisés exercent contre des tribus au nord-est du Congo. Des campagnes anti-esclavagistes auront d'ailleurs lieu sous le commandement d'officiers belges. L'annexion du Congo par la Belgique n'attendra pas le décès du roi. Celui-ci laisse la Belgique annexer le Congo de son vivant en 1908, sous la pression de l'opinion publique belge et internationale.
L'exploitation des richesses du Congo avait, jusque là, été confiée à des agents de l'État indépendant ou à des concessionnaires dont les exactions étaient devenues tristement célèbres. Pour fournir le caoutchouc, les rubis, l'or, les diamants et l'ivoire en grandes quantités, les indigènes sont soumis au travail forcé et à un régime de terreur au l'État indépendant du Congo. Le nombre de victimes indigènes ne peut faire que l'objet d'estimations (voir le livre historique les Fantômes du roi Léopold, voir aussi l'avis de Jean Stengers40). Les morts comptabilisés dans ces estimations englobent tant les victimes des esclavagistes arabes que celles qui sont provoquées par la déstabilisation profonde de l'agriculture vivrière, les fuites de populations entières etc. Les estimations varient entre 6 et 10 millions. Des chiffres que l'on a le droit de contester quand on sait qu'il n'y eut, au Congo, pendant vingt ans, que quelques centaines de Belges, principalement des représentants du roi et des officiers pourvus de moyens rudimentaires sur le plan militaire.
En 1908, la Belgique hérite donc du Congo. Mais la constitution belge interdit à la Belgique de dépenser de l’argent pour ses colonies. Toutes les réalisations doivent donc être financées par des fonds privés ou par la colonie elle-même. Mais on crée un ministère des colonies qui régente l'envoi de fonctionnaires sous l'égide d'un gouverneur général résidant en Afrique et de gouverneurs des provinces congolaises. Des emprunts sur le marché belge des capitaux sont d'ailleurs autorisés et, petit à petit, au cours du xxe siècle, l'État belge investit en Afrique, notamment dans l'enseignement. En 75 ans la Belgique va développer en Afrique un géant agricole et minier, source de matières premières dont le cuivre, l'étain et d'autres minerais, dont l'uranium, qui vont contribuer à la richesse belge et au développement du Congo.
Pendant les deux guerres mondiales, les troupes coloniales sous le commandement d'états-majors belges contribuèrent aux combats du monde libre. En 1914, en allant aider les Français dans les combats du Cameroun, en 1915 et 1916-17, en battant les troupes allemandes dans l'Est africain, lors des victoires de Tabora et de Mahenge, agissant en tenaille avec les troupes anglaises et portugaises. En 1941, ce furent les combats victorieux d'Abyssinie terminés par la victoire de Bortaï, puis les expéditions vers l'Égypte et l'envoi d'un corps expéditionnaire en Asie.
On assiste, sous la colonisation belge, à l'émergence d'une classe d'évolués, terme employé pour désigner des Africains, au nombre d'une vingtaine de milliers aux approches de 1960, remplissant des tâches administratives, médicales ou de commerce. En plus, on recense 600 prêtres noirs et un cardinal, tous formés au Congo même dans des séminaires locaux. Il existe deux universités, l'une sous la responsabilité directe de l'administration belge, l'autre dotée d'un centre de recherches nucléaires unique en Afrique et gérée par l'enseignement catholique, mais ouverte à tous. On recense 763 étudiants congolais en plus des boursiers étudiant en Belgique. 25 000 établissements scolaires fonctionnent sur tout le territoire, depuis les écoles primaires avec 1 682 129 élèves, jusqu'aux établissements d'enseignement secondaire avec 59 389 élèves parmi lesquels il n'existe aucune ségrégation raciale. 300 bibliothèques publiques sont réparties dans l'ensemble des villes et des séminaires. Dans les cités et dans la brousse, les médecins belges sont assistés par 8 500 auxiliaires médicaux dont certains remplissent des tâches de médecins de brousse. Les hôpitaux et centres médicaux représentent 86 000 lits.
Le niveau de vie moyen des Africains du Congo Belge est de 90 dollars, ce qui est un chiffre plus élevé que ceux de tous les pays du continent africain et qui est même plus élevé que celui de beaucoup de pays du monde[Quand ?]. L'accroissement du produit national brut est, dans les dernières années de la colonisation, de 4,8 % par an.
Enfin, il faut citer le développement de l'aménagement du territoire qui se révèle par trois grands barrages hydro-électriques et d'un réseau ferroviaire de 5 241 kilomètres dont plusieurs centaines sont électrifiés. Il faut y ajouter 14 597 kilomètres de voies navigables naturelles entretenues et draguées et des routes et pistes avec, notamment, des ponts destinés à désenclaver les régions. Enfin, trois aéroports internationaux permettent des échanges avec le reste du monde et sont reliés à plusieurs dizaines d'aéroports secondaires.
Au Congo belge, aucune loi ne sanctionnait l'existence d'un régime d'apartheid. Le système séparé d'évolution des catégories sociales était plutôt centré sur l'opposition entre la brousse et la ville, le gouvernement de la colonie s'efforçant d'empêcher la constitution de vastes agglomérations de bidonvilles, comme il en était d'autres dans de nombreux pays coloniaux.
Pendant toute la période coloniale régnera en Belgique une propagande coloniale paternaliste - dont l'album d'Hergé (Tintin au Congo) est un exemple achevé - propagande glorifiant la « mission civilisatrice » de la Belgique. Cette vision paternaliste fut d'ailleurs très répandue dans tous les pays colonisateurs d'Europe jusque dans les années 1950.
La Belgique : 1914 - 1945[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Histoire de la Belgique de 1914 à 1945.
La Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]
Carte de la ceinture fortifiée de Liège.
En 1914, en application du plan Schlieffen, l'Empire allemand, en guerre contre la France, envahit la Belgique pour contourner les armées françaises par le nord. La violation de la neutralité belge déclenche l'entrée en guerre du Royaume-Uni, garant, avec la France, de l'indépendance et de la neutralité de la Belgique. Contrairement à ce qu'escomptaient les militaires allemands, la résistance de l'armée belge est forte : dans un premier temps l'armée d'invasion doit même reculer. Or la condition de réussite du Plan Schlieffen était la rapidité. Il faudra quinze jours à une armée de 100 000 hommes pour réduire les forts de Liège.
L'armée belge commandée par le roi Albert Ier recule en combattant, et même en contre-attaquant, d'abord à la bataille de Haelen où les Allemands sont vaincus, puis, en septembre jusqu'au début d'octobre, à partir d'Anvers sur le flanc allemand. Cette résistance imprévue contrecarre gravement le plan des Allemands et leur apparaît même comme illégitime. Objectivement, elle soulage l'armée française en retenant des troupes allemandes qui manqueront en France, lors des combats de la Marne, même si elle est d'abord inspirée par la mission de défense du territoire national.
Ruines de la place du Marché à Ypres.
Le pouvoir impérial lance l'accusation d'une complicité avec la France, d'autant plus que le roi Albert Ier, qui est commandant en chef de l'armée de par la constitution, réunit les pouvoirs civils et militaires. Il accepte, à ce titre, de lier les opérations de l'armée belge à celles de l'armée française. Mais c'est dans le respect de l'autonomie belge qui exclut d'abandonner le pays pour se retirer en France, comme le souhaiteraient certains membres du gouvernement français et de son état-major. La politique de neutralité n'est donc nullement reniée. Bien au contraire, en appelant les garants du traité de 1831, Français et Anglais, la Belgique utilise les moyens qui lui sont reconnus internationalement. Mais les Allemands veulent croire à une collusion belgo-française résultant d'une sorte de complicité naturelle des Belges avec les Français et cela va très vite faire naître dans leur esprit le mécanisme qui les amènera à la fausse croyance sincère selon laquelle des francs-tireurs assailleraient leurs troupes, comme, en France, durant la guerre franco-allemande. Il en résulte les fameuses atrocités allemandes d'août et septembre 1914.
Le pays est finalement presque entièrement occupé pendant toute la guerre, sauf derrière la ligne de front de l'Yser où l'armée belge va résister pendant quatre ans avant de lancer l'offensive victorieuse des Flandres en 1918, alors que l'ensemble des troupes alliées entame une offensive générale. En attendant, pendant quatre ans, le gouvernement belge est contraint de se réfugier à Sainte-Adresse, dans la banlieue du Havre.
Entre-temps, la force publique du Congo, l'armée coloniale, remporte aux prix de lourds sacrifices d'éclatantes victoires sous commandement belge contre les colonies allemandes au Cameroun, en aide aux Français, et en Afrique orientale, notamment à Tabora, en liaison avec les Britanniques et les Portugais. Au terme de la guerre, le Royaume a perdu 42 987 militaires, 62 000 civils, soit un total de 104 987 personnes. Il a eu aussi 44 686 militaires blessés.
L'Entre-deux-guerres[modifier | modifier le code]
Lors de la Conférence de paix de Paris, la Belgique fut représentée par Paul Hymans, Émile Vandervelde et Jules Van den Heuvel. Le gouvernement belge et le souverain réclamaient le paiement d'indemnités de guerre et la suppression du statut de neutralité imposé par le traité des XXIV articles. Le gouvernement avait également l'ambition de réunir au royaume la Flandre zélandaise, le Limbourg néerlandais, les Cantons de l'Est et le grand-duché de Luxembourg41. Albert Ier, qui était opposé à une trop grande humiliation de l'Allemagne, intervint lui-même à la conférence, à la demande de Paul Hymans. Il réclama des indemnités de guerre et la révision du traité des XXIV articles concernant le statut de l'Escaut. Il ne semble pas avoir réclamé le Limbourg néerlandais et le grand-duché de Luxembourg, ni même Eupen et Malmedy42. La conférence accorda la fin du régime de neutralité imposée, les cantons de l'Est, la tutelle sur le Ruanda-Urundi, ainsi qu'une indemnité prioritaire de deux milliards et demi de marks43. Ce résultat est jugé décevant par les Belges qui estiment que leurs droits ont été bafoués et qu'ils ont été abandonnés, voire méprisés, par les Alliés44.
Parallèlement, le vote plural fut aboli et remplacé par le suffrage universel masculin qui permit non seulement aux socialistes d’accéder aux rênes du pouvoirs pour la première fois, mais aussi aux Flamands d’être majoritaires au Parlement. Les revendications autonomistes flamandes, excitées durant l’occupation allemande de 1914-1918, prirent donc de plus en plus d’importance, ce qui força le roi à autoriser la néerlandisation de l’université de Gand en 1930.
La neutralité de l’État belge ayant été abandonnée, la Belgique signa un accord d’entraide militaire avec la France en 1920. Cette coopération culmina avec l’occupation conjointe de la Ruhr par les troupes franco-belges du 11 janvier 1922 au 24 août 1924 à l'occasion de la crise monétaire de la République de Weimar.
Après le Jeudi noir, la Belgique comme le reste de l'Europe est atteinte par une crise économique majeure. Cette crise favorisa l’émergence de partis fascistes comme le Verdinaso ou le parti rexiste de Léon Degrelle.
Le pays était déchiré entre les factions flamande et wallonne : lorsqu’il fallut voter un budget militaire face à la menace nazie, les députés flamands boudèrent ce vote, ce qui empêcha la modernisation à temps de l’armée belge à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Mais l’objectif principal des Flamands était de rompre l’Accord militaire franco-belge de 192045 qu’ils considéraient comme un symbole de la domination francophone. Léopold III accéda au mot d'ordre flamand Los van Frankrijk !46 (Larguons la France !) et demanda au gouvernement d’adopter une politique d’indépendance face à la montée des tensions internationales dans l'espoir d'échapper à la guerre.
En toute discrétion, le gouvernement dénonça unilatéralement, en 1936, l’accord franco-belge47, pour reprendre la politique d'État-tampon abandonnée dix-sept ans plus tôt. À la veille de l'invasion allemande, le roi divisa ses troupes en envoyant la moitié d’entre elles face à la France. Cette attitude vaudra au roi de vives réprobations de la part des Alliés et d’une partie de la population wallonne48.
La Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]
Léopold III, roi des Belges, passe en revue une colonne de chars d'assaut, avec celui qui deviendra le ministre belge de la Guerre, le général Denis, à sa gauche.
Articles détaillés : Armée belge en 1940 et Histoire de la Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale.
En 1940, la Belgique est à nouveau occupée par l'Allemagne, et placée sous administration militaire dirigée par le général Alexander von Falkenhausen.
Après avoir mené un combat très dur, mais non nécessairement désespéré, notamment à la bataille de la Lys où périrent en trois jours la moitié des victimes militaires de la « campagne des 18 jours », le roi Léopold III décide seul la reddition. Il constate, ce que l'on saura plus tard, que les troupes anglaises abandonnent le front à la droite de l'armée belge et que, comme lui révélera l'attaché militaire anglais Keyes, un rembarquement se prépare à Dunkerque où rien n'est prévu pour les Belges. Cette reddition est contestée par le conseiller militaire du roi, le général van Overstaeten, qui bénéficiait de l'expérience qu'il avait acquise en 1914-1918, en Belgique et en Afrique. Elle est également contestée par le gouvernement d'Hubert Pierlot et Paul-Henri Spaak. Ceux-ci considèrent que, en tout cas, le roi ne peut tomber dans les mains de l'ennemi. Ne pouvant convaincre le roi de quitter le pays, le gouvernement se réfugiera d'abord en France avant d'arriver à Londres après avoir été menacé de tomber dans les mains des Allemands lors de l'installation du régime de Vichy. Léopold III estime qu'abandonner ses troupes en s'enfuyant serait une lâcheté et une trahison. Si elle paraît pouvoir se défendre sur le plan moral, cette décision sera considérée par certains comme une faute stratégique. Il est à noter que le roi n'a pas voulu révoquer le gouvernement, comme la constitution, à l'époque, le lui permettait, à la condition d'avoir la caution d'au moins un ministre, ce qui était le cas, le ministre de la Défense, le général Denis, acceptant de se ranger à la décision royale. Le roi laissait donc les ministres partir à l'étranger porteurs de tous les pouvoirs. En effet, de par la constitution belge, lorsque le roi est dans l'impossibilité d'exercer pleinement ses pouvoirs, la totalité du pouvoir exécutif peut être exercée collégialement par le gouvernement seul, alors qu'en temps normal, le pouvoir exécutif est exercé par le roi et les ministres ensemble.
Réfugiés belges en 1940.
En refusant de conclure un armistice qui est un traité entre gouvernements, mais en se limitant à une reddition militaire, le roi Léopold III évitait de se mettre en situation de collaborer politiquement avec l'Allemagne. Il ne pouvait savoir que ce serait le cas du gouvernement français du maréchal Pétain, moins d'un mois plus tard. En Belgique, des individus collaboreront avec l'occupant, soit à titre personnel, soit en tant que fonctionnaires ou chefs d'entreprises, allant même jusqu'à combattre avec lui dans le cas des engagés volontaires dans l'armée allemande, mais ce ne sera pas le cas de la Belgique officielle représentée par le gouvernement belge de Londres, qui restera dans les rangs des pays alliés. Sous l'autorité pleine et légale du gouvernement belge de Londres, il y a eu trois escadrilles dans la Royal Air Force, la presque totalité de la flotte marchande incluse dans les flottes anglo-américaines, et les troupes d'Afrique allant combattre victorieusement en Abyssinie. Le roi avait voulu les exclure de la reddition, craignant une éventuelle mainmise anglaise sur un Congo dépourvu de troupes. En plus, en Angleterre, fut reconstituée une force terrestre qui, en 1944, participa aux combats de la libération du nord de la côte française et de la Belgique.
Léopold III resta donc en Belgique comme prisonnier de guerre, refusant d'exercer des fonctions officielles, même si, en octobre, il rencontra discrètement le chancelier Adolf Hitler sur convocation de celui-ci. Ayant tenté en vain de plaider la libération des prisonniers, le roi s'abstint de toute collaboration politique avec l'Allemagne, comme commençait à le faire le gouvernement de Vichy. Ensuite, il protesta par deux lettres contre les exactions allemandes, sans résultat, mais ne manifesta apparemment aucun signe de solidarité ni avec les Alliés, ni avec le gouvernement en exil. Mais on a su, après la guerre, qu'il avait autorisé le chef de sa maison militaire à s'entremettre pour fournir des armes au Mouvement national royaliste, réseau de résistance, et qu'il accueillit un envoyé clandestin du gouvernement en exil, qui était le beau-frère du premier ministre Pierlot. Mais cet émissaire ayant été arrêté et exécuté par les Allemands alors qu'il rentrait en Angleterre en passant par la France, on ne saura sans doute jamais ce qui a pu être convenu lors de cette entrevue. Considérant que la Belgique était retirée de la guerre, Léopold III avait demandé, en 1940, aux diplomates belges de se montrer partout dans le monde courtois avec les diplomates allemands, et exigea en vain le retour à la neutralité du Congo belge, l'atout essentiel du gouvernement en exil dans la lutte aux côtés des Alliés (« instructions de Berne »). Le Roi demeure également en contact avec les secrétaires généraux qui ont été chargés par le gouvernement d'Hubert Pierlot, de maintenir en ordre de marche la machine administrative, même en pays occupé. Ces hauts fonctionnaires sont tiraillés entre la nécessité de faire fonctionner les ministères, notamment dans l'enseignement, de payer les fonctionnaires et de présider au ravitaillement de la population. Tiraillés entre leur devoir et les ordonnances allemandes, certains résistent puis finissent par démissionner, remplacés par des collaborateurs de l'Allemagne, mais quelques-uns, par conviction ou par souci de maintenir une fiction de souveraineté belge, finissent par mettre le doigt dans l'engrenage de la collaboration.
Léon Degrelle (centre-gauche) remettant des médailles aux membres de la division SS Wallonie, avril 1944
À la fin de 1941, Léopold III, qui avait gardé une certaine popularité en restant au milieu de son peuple, choque profondément l'opinion en épousant Lilian Baels sans respecter les règles légales qui exigent un mariage civil avant le mariage religieux, mais aussi, et par force, sans l'accord du parlement puisque ce dernier ne siégeait plus. Ce mariage fut mal apprécié par l'opinion publique, alors que les soldats wallons étaient en captivité, coupés de leurs familles jusqu'à la fin de la guerre (les prisonniers flamands ont, quant à eux, été presque tous libérés très rapidement, l'occupant cherchant à jouer les Flamands contre les Wallons pour mieux favoriser la division de la Belgique).
Pendant l'occupation, les Allemands appliquent leurs lois discriminatoires contre la minorité juive, avec la complicité de l'administration publique, puis procèdent à la déportation de 25 000 Juifs de Belgique dont à peine 1 200 reviendront vivants d'Auschwitz-Birkenau. La minorité sera ainsi exterminée à 44 %, de nombreux Belges se dévouant pour soustraire des milliers de personnes à un sort tragique. À Anvers, la municipalité accepte de distribuer les étoiles jaunes et prête sa police à l'organisation des rafles. En conséquence, cette dernière cité comptera en proportion deux fois plus de déportations. 351 Tziganes sont également envoyés à la mort. À Liège, le bourgmestre libéral, favorable au gouvernement collaborateur de Vichy, livre des listes de juifs à la police allemande. Mais à Bruxelles, le bourgmestre refuse et est arrêté. D'autres édiles communaux et des hauts fonctionnaires sont également arrêtés dans diverses villes belges.
Les résistants arrêtés sont souvent torturés, pour des aveux ou des dénonciations, notamment au siège de la Gestapo bruxelloise avenue Louise, ou encore au sinistre fort de Breendonk. De ce dernier, lieu de supplices et d'exécutions et antichambre de la déportation, des milliers de Belges partiront souvent sans retour pour les camps de concentration nazis. L'occupant procède également à l'exécution de près de 350 otages49 entre 1941 et 1944.
Alors que la faim, la pénurie et l'inflation sévissent dans tout le pays, de nombreux Belges acceptent d'aller travailler volontairement en Allemagne. À partir de 1942, l'occupant passe à la coercition : des centaines de milliers d'ouvriers et de jeunes gens de toutes conditions sont contraints de rejoindre les usines de guerre du Reich outre-Rhin. Certains désobéissent et se cachent avec l'aide de la Résistance.